Du découragement à la fraternisation

Trois mois après avoir été ordonné prêtre au Congo Kinshasa, j’ai été nommé par mon évêque, à la surprise de tous, dans un tout petit village éloigné de tout, sans moyens de communication, une paroisse que les derniers missionnaires avaient quittée neuf ans auparavant. On me disait : « Qu’est-ce que tu as fait pour mériter ça ? » J’avais connu les Focolari au séminaire et des focolarines m’envoyaient la Parole de vie chaque mois. Je suis donc parti le coeur ouvert à cette nouvelle expérience.
Une fois que je suis arrivé sur place, c’était vraiment très difficile : l’accueil plus que mitigé, l’isolement complet. Au bout de trois mois, j’ai pris la décision de partir. J’ai rassemblé mes
bagages, chargé ma petite moto et, avant de quitter le village, je suis passé à l’église pour un dernier salut à Jésus. Je me suis assis et j’ai prié. 
Au bout d’un moment, un jeune de la paroisse est entré et m’a tapé sur l’épaule : il avait vu la moto et les bagages, au soleil depuis quatre heures, et il s’inquiétait pour moi. J’étais très surpris : « Les bagages sont dehors ? Mais pourquoi ? » Cette longue prière avait bouleversé mon coeur et d’un seul coup, la décision de partir me semblait bien lointaine… J’avais désormais le coeur léger.
Je décide alors de travailler pour la réconciliation entre tous les villages alentour.
Par l’intermédiaire d’un ami, je me procure 20 ballons de foot, puis je commence à aller voir les chefs de village : « Je vous offre cette balle et j’attends votre équipe dans deux semaines. »
Ainsi, j’ai commencé à réunir deux par deux les équipes de jeunes. Mais avant le match, je leur faisais du catéchisme en partant du fait qu’on ne joue pas ensemble si on ne se salue pas d’abord.
Petit à petit, de vrais championnats se sont organisés dans un climat de grande fraternité entre tous. C’était gagné ! 
P. GUILLAUME, en doctorat à Rome

Tiré de la revue Nouvelle Cité juillet-août 2023