Savoir s’arrêter par respect

Je suis en route pour un rendez-vous et j’essaie comme d’habitude d’être à l’heure. Je déteste faire attendre les gens. À un moment donné, je m’engage dans une mauvaise route et mon GPS me dit : « Faites demi-tour ! ».
Cela me stresse toujours un peu. Sur une route de transit du centre-ville, je m’arrête soudainement. Que se passe-t-il, ici ? Sur ma gauche, je vois un long cortège funéraire qui s’approche au pas. Un homme habillé en noir marche lentement devant la voiture. 
Loin derrière moi, quelqu’un klaxonne. Puis j’entends une voix intérieure. L’irritation fait place à la solidarité. Je sors de ma voiture, ferme la porte et reste immobile à côté d’elle.
En tant qu’ancien aumônier de l’armée, je sais comment me tenir dans un tel moment.
Le cortège passe à côté de moi. Le conducteur de la voiture noire qui roule en tête me fait un signe de tête chaleureux, puis les autres véhicules passent. Avec un doux sourire, la famille me salue. En moins d’une minute, un lien se forme entre nous : le respect pour un mort inconnu et l’amour pour une famille inconnue. Avec une grande joie dans le coeur, je trouve ensuite la bonne adresse. Je regarde ma montre. Il reste cinq minutes.
Léon, Pays-Bas

Tiré de la revue Nouvelle Cité janvier-février 2022

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