Maman a cessé de respirer, tout doucement

Quand la vie de maman s’en est allée comme un souffle, j’étais là, incapable de dire un mot. Quelle chance d’avoir un de mes frères à côté de moi ! Nous nous sommes étreints, dans les larmes.
Ma mère a souffert de la maladie d’Alzheimer pendant plus de douze ans. Elle était devenue très faible et fragile, elle qui avait été une femme énergique, entreprenante, indépendante. La voir ainsi nous faisait très mal. En même temps nous voyions qu’elle était très bien soignée. Elle était alitée depuis plus de deux ans.
Partager un temps avec elle, en parlant, chantant, priant, en caressant son front, ses joues, ses mains était pour moi comme une prière.
Nous nous étions mis d’accord avec le responsable du service d’éviter tout acharnement thérapeutique, pour lui permettre le moment venu de « partir ». Quand, au bout de presque cinq jours, elle ne prenait plus aucun liquide, j’ai demandé au prêtre de la paroisse, d’un commun accord avec mes frères, s’il pouvait lui administrer le sacrement des malades. Ce fut un moment très fort.
Nico, prêtre focolarino, a trouvé des mots à la fois simples et essentiels. Tout le temps qu’il était à côté d’elle, ses yeux bleus ont bougé de droite à gauche, alors que d’habitude ils étaient rivés au plafond. Et au moment de l’onction, elle a commencé à toussoter comme si elle voulait dire quelque chose. J’ai demandé deux choses à Dieu : qu’il soit avec elle pour la fin de son « voyage »
sur la terre, et pour chacune des personnes présentes, la grâce de découvrir l’amour infini de Dieu.
Deux jours plus tard, à un certain moment, maman a cessé de respirer, tout doucement, pacifiquement. La certitude qu’elle a été accueillie au Ciel est devenue tellement forte que peu après, je ne sentais plus de tristesse. J’ai été inondée par la paix et la force, dons de l’Esprit.
La messe des funérailles est devenue une célébration de la résurrection : une église lumineuse, le prêtre qui trouvait les mots qu’il fallait pour une famille dont tous les membres ne sont pas croyants, la chorale paroissiale au complet, un violoniste et un organiste (maman aimait la musique classique), deux compositions de tournesols et gerberas rouges et jaunes, devant et sur l’autel, en souvenir du jardin magnifique qu’elle avait entretenu toute sa vie, une présentation des traits marquants de sa vie, les intentions, une méditation de Chiara Lubich. Le tout préparé et présenté dans une forte unité familiale. J’y voyais encore maman à l’oeuvre.
Chris HOFFMANN

Tiré de la revue Nouvelle Cité novembre-décembre 2021

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