Écouter et faire reconnaître le don de Dieu

Un matin, alors que je suis assise pour attendre le bus, arrive une dame avec un caddy plein. Je continue à m’occuper sur mon téléphone, mais une petite voix me suggère que j’ai mieux à faire.
Alors je demande à la personne, masquée comme moi, s’il y a des magasins intéressants dans ce quartier, afin d’entrer en contact.
Elle me répond qu’elle vient d’un relais d’aide alimentaire, puis se met à pleurer. « Je n’en parle à personne, mais même si je ne vois pas votre visage, je sens qu’à vous, je peux en parler. J’ai honte de devoir mendier, moi qui ai travaillé depuis l’âge de 13 ans jusqu’à la retraite à 72 ans, l’année dernière. Après le confinement, tout augmente. Je ne sais pas ce que je vais devenir, je demande au bon Dieu de m’appeler à lui, je ne veux plus vivre cela. Je suis malade chaque fois que je vais là-bas. »

J’écoute surtout et prends en moi sa souffrance. Je l’assure de ma prière et je trouve des paroles de réconfort en lui faisant entrevoir (comme elle m’avait parlé de Dieu) que ce relais et d’autres aides étaient
déjà un don de l’amour de Dieu pour elle, un centuple après avoir tant donné. Elle me dit, un peu étonnée : « Oui c’est vrai. » Le bus arrive, elle me dit en montant et en montrant son cœur avec un
sourire : « Je me sens soulagée, merci. » Cette rencontre m’a vraiment habitée et donné de la joie : c’est comme une « visitation » même si elle n’a duré que quelques minutes.
Marie-Hélène, Paris

Tiré de la revue Nouvelle Cité  septembre-octobre 2020

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