Celui qui aime est roi

J’habite un immeuble de dix étages.
La gardienne est une personne seule, plutôt âgée. À plusieurs reprises, lorsque je rentrais dans l’immeuble, elle sortait de sa loge, et me reprochait vivement d’avoir ouvert la fenêtre de l’escalier, situé en colimaçon autour de l’ascenseur. Chaque fois, je lui répondais que, n’utilisant jamais l’escalier, je ne pouvais pas avoir ouvert de fenêtre. Mais elle redoublait de reproches me disant qu’elle savait très bien que c’était moi. Je commençais à supporter de moins en moins cette situation. Je l’ai partagée dans le groupe d’échange de la Parole de vie, et l’une des personnes m’a dit : « Peut-être est-ce une façon pour
ta gardienne d’entrer en contact avec toi. Au lieu de te défendre, essaie de t’intéresser à elle. » Je n’y aurais jamais pensé ! La fois suivante, la même scène s’est présentée et j’ai dit à la gardienne : « Bonjour,
madame, je vous trouve un peu pâle aujourd’hui, seriez-vous fatiguée ? » Et elle s’est mise à me raconter tous ses problèmes de santé. Je l’ai écoutée attentivement. J’ai compris à quel point sa situation
est difficile, sa solitude grande.
Puis elle s’est arrêtée et m’a souhaité une bonne soirée. De fenêtre, il n’en était même plus question ; elle avait certainement obtenu l’écoute dont elle avait besoin.
Par la suite, elle est toujours sortie de sa loge à mon arrivée pour me saluer et faire un brin de causette avec moi. Cette expérience m’a servi dans d’autres circonstances, avec des situations plus nuancées,
mais de même nature. J’ai vraiment expérimenté que « celui qui aime est roi ».
Odette

Tiré de la revue Nouvelle Cité  mars-avril 2020

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