Août 2005 : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (Mt 14, 31)
Il fait nuit. Les vents contraires rendent difficile la traversée du lac de Tibériade. La barque est ballottée par la tempête. Cette situation, les disciples l’avaient déjà connue ; mais le Maître se trouvait alors avec eux à bord, tandis que cette fois, il est resté à terre, priant sur la montagne.
Cependant Jésus ne les laisse pas seuls dans la tempête. Descendant de la montagne, il va à leur rencontre, marchant sur les eaux, et il cherche à leur redonner courage : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! ». S’agit-il bien de lui ou d’une illusion ? Dans le doute, Pierre demande une preuve : qu’il puisse, lui aussi, marcher sur les eaux. Jésus l’appelle à lui. Pierre sort de la barque, mais le vent lui fait peur et il commence à s’enfoncer. Jésus lui tend alors la main en lui disant :
« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Ces paroles, Jésus continue de nous les adresser lorsque nous nous sentons seuls et désarmés dans les tempêtes qui bouleversent notre vie. Il peut s’agir de maladies, de douloureuses situations familiales, de violences, d’injustices… Le doute s’infiltre alors dans notre cœur, la révolte aussi peut-être… « Pourquoi Dieu ne voit-il pas ce qui se passe, ne m’écoute-t-il pas, n’intervient-il pas ? Ce Dieu d’amour en qui nous avons cru, n’était-il donc qu’un fantasme, une illusion ? »
Comme aux disciples apeurés et incrédules, Jésus continue de nous répéter : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! » À l’époque il était descendu de la montagne pour les soutenir dans le danger ; aujourd’hui le Ressuscité intervient encore dans notre vie. Marchant à côté de nous, il se fait notre compagnon de route. Il ne nous laisse jamais seuls dans les épreuves : il est là pour les vivre avec nous. Y croyons-nous assez ? C’est pourquoi il nous redit :
« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Un reproche, ces paroles ? Non, plutôt une invitation à raviver en nous la foi. L’Évangile nous rapporte de nombreuses promesses de Jésus, par exemple : « Demandez et vous obtiendrez »; « Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît »; et ceux qui auront tout laissé pour lui recevront le centuple en cette vie et, en partage, la vie éternelle.
On peut tout obtenir, mais en croyant. Nous pouvons tout attendre si nous croyons à l’amour de Dieu.
Or, bien souvent, nous nous agitons comme si tout dépendait de nous dans la vie, tels des orphelins sans Père. Tout comme Pierre, nous voyons davantage la menace des flots agités que la présence de Dieu qui nous prend par la main.
Bien sûr, en nous arrêtant pour analyser tout ce qui nous préoccupe, nous sombrons dans la peur et le découragement. Mais justement nous ne sommes pas seuls ! Croyons-le ! Quelqu’un prend soin de nous et c’est lui que nous devons regarder ! Même s’il nous semble absent, il reste proche. Croyons en lui, faisons-lui confiance, confions-nous à lui.
Quand notre foi est éprouvée, luttons, prions, comme Pierre qui s’écrie : « Seigneur, sauve-moi ! » ou encore comme les disciples, dans une situation semblable : « Maître, cela ne te fait rien que nous mourions ? » Son amour infini ne nous manquera jamais. Confions-lui ce qui nous pèse. Il s’en chargera.
« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Jean-Louis était un jeune de « peu de foi ». À la différence des autres membres de sa famille, tous chrétiens, il doutait de l’existence de Dieu. Il vivait à Man, en Côte d’Ivoire, avec ses jeunes frères et sœurs, loin de leurs parents.
Quand la ville est envahie par les rebelles, quatre hommes pénètrent dans leur maison pour tout piller et, voyant sa belle carrure d’athlète, ils veulent enrôler le jeune de force. En vain ses jeunes frères les supplient de le leur laisser.
Les rebelles sont sur le point de sortir avec Jean Louis, quand leur chef change soudain d’avis et décide de le laisser. Puis il murmure à l’oreille de la sœur aînée : « Partez le plus vite possible, demain nous allons revenir… » et il lui indique le sentier à prendre.
Les jeunes se demandent s’il s’agit d’un piège. Ils partent à l’aube sans un sou en poche, mais avec un brin de foi. Ils parcourent 45 km ; puis quelqu’un leur paie le voyage dans un camion qui va vers la maison de leurs parents. En route, des inconnus les hébergent et leur donnent à manger. Au poste frontière, personne ne contrôle leurs papiers et ils parviennent à leur maison.
« Ils n’étaient pas en bonne condition physique, mais bouleversés par l’amour de Dieu » raconte la maman.
Et la première chose que fait Jean Louis est de demander où se trouve l’église. Et il dit à son père : « Papa, ton Dieu, il est drôlement fort ! ».