Septembre 2004 : « Quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple » (Lc 14, 33)
Cette parole de vie nous impressionne par son caractère aussi exigeant que radical. Mais à qui s’adresse-t-elle ? Aux missionnaires ou religieux qui doivent être libres d’aller n’importe où annoncer l’Evangile ? Oui, mais pas seulement. Aux disciples qui, dans des moments exceptionnels comme ceux de persécution, peuvent avoir à laisser leurs biens et même leur vie pour demeurer fidèles à Dieu ? Bien sûr, mais pas seulement à eux. Cette parole, Jésus l’adresse à tous. A nous donc d’y répondre.
Il s’agit des conditions pour suivre Jésus. Luc y insiste dans son Evangile : « Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône… Car où est votre trésor, là aussi sera votre cœur ». « Aucun domestique ne peut servir deux maîtres… Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent ». « Qu’il est difficile à ceux qui ont les richesses de parvenir dans le Royaume de Dieu » !
« Quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple. »
Pourquoi Jésus fait-il du détachement des biens la condition indispensable pour le suivre ? Simplement parce que la première richesse de notre existence, notre vrai trésor, c’est Lui ! Voilà pourquoi il nous invite à mettre de côté « tout ce qui nous appartient », c’est-à-dire les idoles pouvant prendre en nous la place de Dieu.
Il nous veut libres, désencombrés de tout attachement et de toute préoccupation, pour pouvoir l’aimer de tout notre cœur, notre esprit et nos forces. Utilisons avec détachement les biens nécessaires pour vivre, mais restant prêts à déplacer tout ce qui peut prendre la première place dans notre cœur. Le disciple de Jésus est appelé à renoncer à la course aux richesses comme à la recherche exagérée du confort et de la sécurité.
Si Jésus nous demande de renoncer aux biens, c’est aussi afin de rester ouverts aux autres, accueillant et aimant le prochain comme nous-mêmes. Le détachement à l’égard des biens nous protège contre l’avarice et l’insensibilité à l’égard des pauvres.
« Quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple. »
Comment vivre cette Parole de Vie ? Le plus simple, pour « renoncer » est de « donner ». Donner à Dieu en l’aimant, en lui offrant notre vie pour qu’il l’utilise comme il le veut, restant, nous, disponibles à toujours faire sa volonté.
Et pour lui montrer notre amour, aimons nos frères et nos sœurs, prêts à tout pour eux. N’oublions pas toutes nos richesses à partager : l’affection à donner, la cordialité à manifester, la joie à communiquer, du temps à mettre à la disposition des autres, notre prière, nos richesses intérieures à mettre en commun. Nous avons parfois des objets, des livres, des vêtements, des véhicules, de l’argent dont d’autres peuvent avoir besoin… Donnons sans trop nous dire : « Cela pourrait me servir encore en telle ou telle occasion… » Si nous écoutons ces suggestions, de nombreux attachements s’infiltrent dans notre cœur et de nouvelles exigences apparaissent. Non, cherchons à avoir et à ne conserver que le nécessaire. Veillons à ne pas perdre la communion avec Jésus pour une somme que nous voulons mettre de côté ou quelque chose dont nous pourrions nous passer.
« Quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple. »
Pour un « tout » que l’on perd, il y a un « tout » que l’on trouve, infiniment plus précieux. Et c’est nous qui serons gagnants, soyons en sûrs, car à la place du peu que nous aurons donné nous trouverons en échange la plénitude de la joie et de la communion avec Dieu. Nous deviendrons de véritables disciples.
Si un verre d’eau donné mérite récompense, qu’obtiendra celui qui donne tout son possible pour Dieu dans son frère ou sa sœur ? Cela m’a été confirmé par un des nombreux faits communiqués par ceux qui vivent avec nous la Parole de vie.
Un père de famille de Caracas perd son travail. Deux semaines après, il tombe gravement malade. A la même période, on lui vole sa voiture. Pour lui et sa famille, c’est une terrible épreuve. Ils se rendent vite compte qu’ils devront abandonner leur appartement faute de pouvoir en payer le loyer.
Au même moment, un de leurs amis, pauvre comme eux, se sent poussé à répondre totalement à l’amour de Dieu et à vivre la Parole à l’exemple des premiers chrétiens qui mettaient tout en commun. Confiant ce soir-là son désir à sa femme, ils décident ensemble d’attribuer une partie de leur maison à cette famille. Leur pauvreté ne pouvait être un prétexte pour la laisser à la rue. La maison pourtant n’était pas encore terminée… Le lendemain, de manière inattendue, arrive une aide providentielle pour terminer les travaux de construction de la maison.