Février 2002 : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. » (Mt 4, 4)

Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, Jésus répond ainsi à la première tentation au désert. Elle concerne le besoin le plus élémentaire, la faim.
Le tentateur lui propose d’utiliser ses pouvoirs pour transformer les pierres en pain. Quel mal à cela ? Tous les hommes n’éprouvent-ils pas le besoin de satisfaire leur faim ?
Jésus perçoit pourtant le piège qui se cache derrière cette proposition : utiliser Dieu à nos propres fins, prétendant qu’il soit uniquement au service de nos besoins matériels. Au fond, le tentateur demande ici à Jésus d’adopter une attitude d’autonomie et non d’abandon filial envers le Père.
Telle est la réponse de Jésus. Nous devrions en tenir compte quand nous affrontons le problème dramatique de la faim dans le monde, pour répondre aux millions d’êtres humains manquant de nourriture, de logements, de vêtements. Celui qui allait rassasier les foules en multipliant les pains, celui qui nous demandera lors du jugement dernier si nous avons donné à manger aux affamés, affirme aussi que Dieu est plus grand que notre faim et que sa Parole est notre première nourriture.

« Il est écrit : ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. »

Jésus présente la Parole de Dieu comme pain, comme nourriture. Cette comparaison nous éclaire sur notre rapport avec la Parole.
Mais s’en nourrir ?
Si le blé est d’abord grain, puis épi et enfin pain, de façon analogue la Parole est une semence déposée en nous. Elle doit germer, devenir morceau de pain pour être mangée, assimilée, transformée en vie de notre vie.
La Parole de Dieu, le Verbe prononcé par le Père et incarné en Jésus, est l’un des modes de sa présence parmi nous. Chaque fois que nous l’accueillons et cherchons à la mettre en pratique, cela revient à nous nourrir de Jésus.
Comme le pain qui nourrit et fait grandir, la Parole nous nourrit et nous fait grandir selon notre vraie dimension, le Christ en nous.
Maintenant que Jésus est venu sur la terre et s’est fait notre nourriture, nous ne pouvons plus nous contenter d’un aliment naturel comme le pain. Nous avons besoin de la nourriture surnaturelle de la Parole pour grandir comme enfants de Dieu.

« Il est écrit : ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. »

Il en va de la Parole comme de l’Eucharistie : lorsque nous mangeons cette nourriture, ce n’est pas elle qui se transforme en nous, c’est nous qui nous transformons en elle. D’une certaine manière, nous sommes assimilés par la Parole et non l’inverse.
L’Évangile n’est donc pas un livre de consolation, un refuge dans les moments douloureux de la vie, mais le code des lois de la vie. Ces lois, nous n’avons pas seulement à les lire, mais à les assimiler, les absorber avec l’âme, pour devenir à chaque instant semblables au Christ.
En mettant sa doctrine en pratique, dans toutes ses exigences et à la lettre, nous pouvons devenir d’autres Jésus. Ses Paroles sont celles d’un Dieu, riches d’une force révolutionnaire, insoupçonnée.
Nous devons nous nourrir de la Parole de Dieu. Aujourd’hui on sait concentrer la nourriture nécessaire à notre corps en de petites pilules ; on peut aussi se nourrir du Christ en vivant l’une après l’autre chacune de ses Paroles, car il est présent en chacune d’elles.
Il existe une Parole pour chaque moment, pour chaque situation de notre vie. La lecture de l’Évangile nous le révélera.
Vivons alors l’amour du prochain par amour pour Dieu : c’est là un condensé de toutes ses Paroles.

 

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