Octobre 2001 : « La prière de l’humble traverse les nuées  » (Si 35,21)

Souvent Israèl au cours de son histoire – et particulièrement pendant l’Exil – a fait l’expérience de son impuissance absolue à changer le cours des événements. Il en a retiré une attitude de dépendance totale et de pleine confiance en Dieu que l’auteur sacré a rendue par un mot hébreu plus tard traduit en grec, puis dans nos langues modernes, par humilité. Cet état d’humilité et de pauvreté a été, pour le peuple d’Israèl, la condition pour trouver bien des fois refuge en Dieu, pour expérimenter que le Seigneur est attentif à sa prière en vertu de l’alliance éternelle qu’Il a conclue avec lui.
D’ailleurs, celui que l’on attend dans la perspective messianique est un roi humble, qui fait son entrée à Sion monté sur un petit âne, parce que le Dieu d’Israèl est le « Dieu des humbles ».
Et puisque Jésus réalise toutes les attentes, sa vie et son enseignement nous révèlent en quoi consiste la véritable humilité, celle qui rend notre prière agréable à Dieu.

« La prière de l’humble traverse les nuées. »

La vie entière de Jésus est une leçon d’humilité. Le Verbe, qui est Dieu, s’est fait « chair » dans le sein de la Vierge Marie, puis il s’est fait « pain » dans l’Eucharistie et enfin il s’est anéanti, il s’est fait « néant » sur la croix.
Il a affirmé : « Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur » (Mt 11,29) et lui, le maître, a lavé les pieds de ses disciples, service réservé aux esclaves. Dans son enseignement, il a proposé les petits comme modèle et il a fait son entrée à Jérusalem monté sur un âne. Puis il s’est laissé crucifier, et s’est anéanti dans son corps et dans son âme, afin de gagner pour nous le paradis.
Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui a poussé le Fils de Dieu à agir ainsi ?
Il voulait avant tout nous révéler son rapport avec le Père, nous montrer que le mode d’aimer au sein de la Trinité est, pour chaque personne, de se faire « rien » devant l’autre par amour, de se donner éternellement l’une à l’autre.
Jésus a communiqué cet amour trinitaire tout au long de sa vie et, de façon exemplaire, par sa passion et par sa mort.
Ainsi Dieu révèle sa puissance dans la faiblesse. Son amour est si fort qu’il soulève le monde, parce qu’il se met à la dernière place, sur le dernier gradin de l’échelle de la création.

« La prière de l’humble traverse les nuées. »

Est vraiment humble celui qui, à la suite de Jésus, sait se faire « rien » par amour pour les autres ; celui qui est totalement disponible à la volonté de Dieu ; celui qui est si vide de lui-même qu’il peut dire : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2,20).
Sa prière sera alors exaucée car quand il invoque « Abba, Père » ce n’est plus lui qui prie ; c’est la prière du Fils qui obtient ce qu’il demande parce que l’Esprit Saint la prononce en lui.
La vie de Jésus atteignit son point culminant quand « il offrit prières et supplications avec grand cri et larmes à celui qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de sa soumission » (He 5,7), c’est-à-dire en raison de sa prière faite d’une obéissance totale à la volonté du Père et de plein abandon.
Telle est donc la prière qui traverse les nuées et atteint le cœur de Dieu : celle d’un fils qui se relève de sa misère pour se jeter avec confiance entre les bras de son Père.

 

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