Novembre 1999 : « Heureux les coeurs purs car ils verront Dieu. » (Mt 5,8)

La prédication de Jésus débute par le discours sur la montagne. Sur une colline
des environs de Capharnaüm, face au lac de Tibériade, Jésus, assis comme le
faisaient les maîtres, annonce aux foules l’homme des béatitudes. Déjà à
plusieurs reprises, l’Ancien Testament citait le terme « bienheureux » qui
magnifiait ainsi celui qui accomplit la Parole du Seigneur.
Pour les disciples, les béatitudes de Jésus en évoquent donc certaines qu’ils
connaissent déjà. Mais là, ils entendent dire pour la première fois que ceux qui
ont le cœur pur, non seulement sont dignes de gravir la montagne du Seigneur,
comme le chantait le psaume, mais peuvent même voir Dieu. Quelle est donc cette
pureté si élevée qu’elle mérite une telle récompense ? Jésus va l’expliquer
plusieurs fois au cours de sa prédication. Cherchons à le suivre, pour puiser à
la source de l’authentique pureté.

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. »

Pour Jésus, un moyen de purification l’emporte sur tous les autres : « Déjà vous
êtes émondés par la parole que je vous ai dite ». Ce ne sont pas tant les
exercices rituels qui purifient l’âme, mais sa Parole. Celle de Jésus n’est pas
comme celle des hommes. Le Christ y est présent, comme il l’est – quoique d’une
façon différente – dans l’Eucharistie. Par sa Parole, le Christ entre en nous
et, si nous la laissons agir, elle nous libère du péché, purifiant ainsi notre
cœur.
La pureté est, par conséquent, le fruit de la Parole vécue. Les Paroles de Jésus
nous libèrent des inévitables attachements qui nous menacent si notre cœur
n’est pas orienté vers Dieu et ses enseignements. Quels attachements ? Tout
simplement aux biens, aux personnes ou à nous-mêmes. Mais si notre cœur est
centré sur Dieu seul, tout le reste disparaît.
Pour y parvenir, tenons à dire souvent à Dieu, à Jésus, au cours de la journée,
cette invocation du psaume : « C’est toi, le Seigneur ! Je n’ai pas de plus
grand bonheur que toi ! » Répétons-la souvent, surtout lorsque les tentations
risquent d’entraîner notre cœur vers des images, des sentiments et des passions
qui peuvent occulter en nous la conscience du bien et nous priver de notre
liberté.
Sommes-nous tentés de regarder certaines affiches publicitaires, de suivre
certains programmes télévisés ? À ce moment-là, disons-lui : « C’est toi, le
Seigneur ! Je n’ai pas de plus grand bonheur que toi ! » Ce premier pas nous
fera sortir de nous-mêmes, en re-déclarant à Dieu notre amour. Nous aurons ainsi
grandi dans la pureté.
Une personne, ou une activité, s’interposent-t-elles entre Dieu et nous, faisant
obstacle et même altérant notre rapport avec Lui ? C’est le moment de lui redire
: « Tu es, Seigneur, mon unique bien ». « C’est toi, le Seigneur ! Je n’ai pas
de plus grand bonheur que toi ! » Cela nous aidera à purifier nos intentions et
à retrouver la liberté intérieure.

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. »

Vivre la Parole nous rend libres et purs parce qu’elle est amour. Et le feu
divin de l’amour purifie nos intentions et notre être profond, car, d’après la
Bible, le « cœur » est le siège de l’intelligence et de la volonté.
Et Jésus nous commande une façon d’aimer qui nous permet de vivre cette
béatitude.
C’est l’amour réciproque, l’amour de celui qui est dans la disposition de donner
sa vie pour les autres, à l’exemple de Jésus. Ce style d’amour suscite un
courant, un échange, une atmosphère dont la caractéristique dominante est
justement la transparence, la pureté. En effet, dans cet amour-là, Dieu est
présent et Lui seul peut créer en nous un cœur pur, Lorsque nous vivons l’amour
réciproque la Parole agit, apportant purification et sanctification.
Un individu isolé est incapable de résister de manière durable aux
sollicitations du monde. En revanche, l’amour réciproque constitue un excellent
terrain où chacun peut rester pur et vivre sa vie chrétienne de façon
authentique.

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. »

Et quel est l’effet de cette pureté, qu’il faut toujours conquérir ? On peut «
voir » Dieu, ce qui signifie comprendre son action dans notre vie et dans
l’histoire, entendre sa voix dans notre cœur, savoir saisir sa présence là où
elle se trouve : dans les pauvres, dans l’Eucharistie, dans sa Parole, dans la
communion fraternelle, dans l’Église.
C’est un avant-goût de la présence de Dieu qui nous est donné dès ici-bas, dans
cette vie où nous « cheminons par la foi, non par la vue », en attendant de
pouvoir le voir « face à face », éternellement.


 

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