Février 2014 : « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu » (Mt 5, 8)

Le discours sur la montagne marque le début de la prédication de Jésus. Sur une colline des environs de Capharnaüm, face au lac de Tibériade, Jésus, assis comme le faisaient les maîtres, se met à expliquer aux foules qui est l’homme des béatitudes. Déjà à plusieurs reprises, l’Ancien Testament déclarait « bienheureux » celui qui accomplit, d’une manière ou d’une autre, la Parole du Seigneur.

Les béatitudes de Jésus évoquent donc pour les disciples quelque chose qu’ils connaissaient déjà. Cependant, c’est la première fois qu’ils entendent dire que les pauvres de cœur, non seulement sont dignes de gravir la montagne du Seigneur, comme le chantait le psaume[1], mais peuvent même voir Dieu. Quelle est donc cette pureté qui mérite une telle récompense ? Jésus va l’expliquer plusieurs fois au cours de sa prédication. Cherchons à le suivre, pour puiser à la source de l’authentique pureté.

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. »

Selon Jésus, un moyen de purification l’emporte sur tous les autres : « Déjà vous êtes émondés par la Parole que je vous ai dite »[2]. Ce ne sont pas les exercices rituels qui purifient l’âme, mais la Parole. La Parole de Jésus n’est pas comme les autres. Le Christ y est présent, comme il l’est — quoique d’une autre manière — dans l’Eucharistie. Par sa Parole, le Christ pénètre en nous et, si nous la laissons agir, elle nous libère du péché et purifie notre cœur.

La pureté est donc l’effet de la Parole vécue. Vivre la parole, toutes les Paroles de Jésus, nous libère de nos « attachements » qui prennent le dessus si notre cœur n’est pas en Dieu et centré sur ses enseignements. Ces attachements peuvent concerner des choses, des créatures, ou bien nous-mêmes. Alors que si notre cœur est centré sur Dieu seul, tout le reste disparaît.

Pour parvenir à ce détachement, il peut être utile de dire souvent à Dieu, à Jésus, au cours de la journée, cette invocation du psaume : « Tu es, Seigneur, mon unique bien ! » [3].

Répétons-la souvent, surtout lorsque nos « attachements » nous attirent vers certaines images, sentiments ou passions pouvant troubler en nous la conscience du bien et nous priver de notre liberté.

Sommes-nous tentés de regarder certaines publicités, certains programmes télévisés ? À ce moment-là, disons-lui : « Tu es, Seigneur, mon unique bien ». Ce sera le premier pas pour sortir de nous-mêmes, pour déclarer à Dieu notre amour. Nous aurons ainsi grandi dans la pureté.

Une personne, ou une activité, s’interposent-t-elles entre Dieu et nous, faisant obstacle et même gâtant notre rapport avec Lui ? C’est le moment de lui redire : « Tu es, Seigneur, mon unique bien ». Cela nous aidera à purifier nos intentions et à retrouver la liberté intérieure.

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. »

Vivre la Parole nous rend libres et purs parce qu’elle est amour. Le feu divin de l’amour purifie nos intentions et notre être profond, car le « cœur » est, d’après la Bible, le siège de l’intelligence et de la volonté.

Cependant, une certaine forme d’amour, objet d’un commandement de Jésus, nous aide spécialement à vivre cette béatitude. C’est l’amour réciproque, l’amour de celui qui est dans la disposition de donner sa vie pour les autres, à l’exemple de Jésus. Ce style d’amour suscite un courant, un échange, une atmosphère dont la note dominante est justement la transparence, la pureté. En effet, dans cet amour-là, Dieu est présent et Lui seul peut créer en nous un cœur pur.[4] Quand règne l’amour réciproque la Parole peut réaliser ses effets de purification et de sanctification.

Une personne isolée est incapable de résister de manière durable aux sollicitations du monde. Dans l’amour réciproque elle trouve un excellent terrain où chacun peut rester pur et vivre sa vie chrétienne de façon authentique.

« Heureux les cœurs purs, Ils verront Dieu. »

L’effet de cette pureté, toujours à reconquérir, est de nous permettre de « voir » Dieu, ce qui signifie comprendre son action dans notre vie et dans l’histoire, entendre sa voix dans notre cœur, savoir saisir sa présence là où elle se trouve : dans les pauvres, dans l’Eucharistie, dans sa Parole, dans la communion fraternelle, dans l’Église.

C’est un avant-goût de la présence de Dieu qui nous est donné dès ici-bas, dans cette vie où nous « cheminons dans la foi, sans voir »[5], en attendant de pouvoir le voir « face à face » [6], éternellement.

Chiara LUBICH


[1]           Cf. Ps 24,3-4 : « Qui gravira la montagne du Seigneur ? (…) L’homme aux mains innocentes et au cœur pur… »(TOB)

[2]           Jn 15,3.

[3]             Cf. PS16.2.: « C’est toi le Seigneur ! Je n’ai pas de plus grand bonheur que toi ! » (TOB)

[4]           Cf. Ps 51,12. : »Crée pour moi un coeur pur, Dieu ; enracine en moi un esprit tout neuf ». (TOB)

[5]           2 Cor 5, 7.: « …car nous cheminons par la foi, non par la vue… » (TOB)

[6]           1 Cor 13, 12 : « A présent, nous voyons dans un miroir et de façon confuse, mais alors, ce sera face à face ». (TOB)

 

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